Louis-Ferdinand CÉLINE (1894-1961)

Louis-Ferdinand Céline, de son vrai nom Louis Ferdinand Auguste Destouches, est né le 27 mai 1894 à Courbevoie, en région parisienne, d’un père enseignant d’origine normande et d’une mère bretonne.

Je suis partout, partout
Dans la rue des amours toxiques
Au bras d’un monstre pathétique

En 1904, ses parents achètent un magasin de dentellerie dans les quartiers populaires de Paris. Au cours de sa scolarité, ils l’envoient séjourner plusieurs fois en Allemagne et en Grande-Bretagne de sorte qu’il perfectionne sa maîtrise des langues étrangères.

S’ils ont compris tous les clichés
Ça f’ra d’la bidoche pour l’armée

En 1911, Louis Destouches devance l’appel et s’engage au 12e Cuirassiers de Rambouillet. Il découvre la morne vie de caserne, son cortège de brimades et commence à écrire. Le 27 octobre 1914, il est blessé au bras lors d’une bataille près de la ville belge d’Ypres avant d’être affecté au consulat général de France à Londres.

Aujourd’hui j’ai l’air tellement con
Qu’on veut pas de moi même dans l’armée

Démobilisé quelques mois plus tard, il reprend ses études, obtient son baccalauréat en 1919 puis entame des études de médecine dans le but d’afficher une situation avantageuse et respectable aux yeux de son futur beau-père. Son doctorat en poche, il accepte un poste au service hygiène de la Société Des Nations et s’installe à Genève… sans femme, ni enfant.

Gauguin sans toile et sans pinceau
Revisité en Bardamu

Il commence l’écriture d’une pièce de théâtre satirique, L’Église, sorte de matrice primitive de Voyage au bout de la nuit. On y découvre Bardamu, Molly, l’arrivée à New York mais aussi un certain nombre de considérations racistes et antisémites. En 1926, Gallimard refuse le texte. Son contrat n’étant pas renouvelé, Louis Destouches quitte Genève.

En 1928, il ouvre un cabinet de médecine privée à Clichy qui ne rencontrera pas un grand succès. Un emploi stable au dispensaire de la ville lui permet finalement de se consacrer à sa passion, l’écriture.

C’est la rime racoleuse d’Aragon et d’Elsa
C’est le cri des enfants morts à Karaganda

En 1932, il choisit Céline (le prénom de sa grand-mère) comme pseudonyme et publie « Voyage au bout de la nuit », son premier roman empreint d’une désespérance totale. Récompensé par le prix Renaudot, le succès est immédiat. Louis Aragon et Elsa Triolet s’empressent de traduire en russe ce que Anissimov, le préfacier soviétique, décrit comme une « encyclopédie du capitalisme agonisant ».

La mort à crédit d’un clown triste
Ça fait bander Sartre et Vailland…

Dans Mort à crédit (1936), il rend un compte inspiré mais quelque peu transfiguré de son enfance et de son adolescence.

Visage éclaboussé de nacre
Amour, bagatelle et massacre

A la suite de la publication des pamphlets « Bagatelles pour un massacre » (1937) et « L’Ecole des Cadavres » (1938), il est condamné pour diffamation et raison des propos antisémites assumés qu’il y tient.

J’ai raté l’autre guerre pour la photographie
J’espère que vos macchabées seront bien faisandés

Malgré cela, il réitère durant l’occupation avec la publication des « Beaux Draps » (1941) et envoie de nombreuses lettres aux journaux collaborationnistes dont certaines seront publiées. Je suis partout finit par refuser les textes de Céline « pour cause de délire raciste ».

Gibbons motorisés tout naves
Dans les rues de Sigmaringen…

Céline vient d’achever Guignol’s Band quand, le 17 juin 1944, il est contraint de s’exiler en Allemagne avec sa nouvelle femme et son chat Bébert. A la fin de la guerre, suite à une demande d’extradition de la France, il est arrêté au Danemark, incarcéré à Copenhague puis assigné à résidence.

Le 21 février 1950, Céline est condamné in absentia à un an de prison, à 50 000 francs d’amende, à l’indignité nationale et à la confiscation de 50 % de ses biens.

Le temps de voguer sur Meudon
Loin des cachots de Copenhague…

Le 26 avril 1951, amnistié par le tribunal militaire, il rentre en France et s’installe à Meudon. Son oeuvre -diminuée des pamphlets racistes- est rééditée. Il publie également Féerie pour une autre fois (1952), qui ne se vend guère. Il écrit de nouveaux ouvrages, tels que « D’un Château l’autre » (1957), racontant l’histoire de l’errance de la défaite allemande.

Tu viens rêver sous les glaviots
Ricanant putois solitaire
Et me faire vibrer de tes rots
Et de tes rires crépusculaires

En 1958, lors d’une interview sur Rabelais, Céline note, au sujet de l’emploi du langage populaire, que Rabelais a « raté son coup ». Pour lui, le vainqueur, c’est Amyot, le traducteur de Plutarque.

Céline meurt le 1er juillet 1961 à Meudon d’une rupture d’anévrisme. Une œuvre posthume du nom de « Rigodon » sera éditée en 1969 dans laquelle il avait écrit : « Nous vivons presque sept vies de chat, ça se voit, sept fois plus cons qu’eux… »

Seigneur Bébert du rigodon
C’est le temps de mettre à la vague…