UN VENDREDI 13 à 5 HEURES
(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : Claude Mairet)
Ce sera sans doute le jour de l’immatriculée-contraception ou une connerie comme ça, cette année-là exceptionnellement le 15 août tombera un vendredi 13 et j’apprendrai par Radio Mongol internationale la nouvelle de cette catastrophe aérienne dans le secteur septentrional de mes hémisphères cérébelleux, là où je mouille mes tankers de lucidité comique les nuits où je descends la dernière avenue du globe en traînant ma tête dans un sac en plastique…Un vendredi 13 à 5 heures
Ce jour-là j’pèterai mon cockpit
Dans la barranca del muerto
Avec ma terre promise en kit
Et ma dysenterie en solo
Et les anges de la dernière scène
Viendront s’affronter à ma trouille
Passeport, visa, contrôle des gènes
Et radiographie de ma chtouille
Je tomberai comme un numéro
4-21 sur le compteur
Nuage glacé à fleur de peau
Dans l’étrange ivresse des lenteurs
Et pour arroser mon départ
J’voudrais qu’mon corps soit distillé
Et qu’on paie à tous les traîne-bars
La der des ders de mes tournées
Be still my soul
Couchée mon âme, au pied, au pied tranquille
Tout ira bien, au pied, couchée, hé couchée
Je m’écraserai sur Oméga
Chez les clowns du monde inversé
En suppliant Wakan-Tanka
D’oublier, oh ouais, d’oublier
En suppliant Wakan-Tanka
D’oublier d’me réincarner
Un vendredi 13 à 5 heures
« Un vendredi 13 à 5 heures »… ça fait quoi d’écrire une chanson sur sa mort ?
Ça fait marrer. Je trouve amusant de penser à ma mort. C’est rassurant. Je crois que c’est un signe de santé : prendre du recul par rapport à soi-même, par rapport à ses prétentions. C’est dire comme Higelin : « J’suis qu’un grain de poussière ». L’idée de la mort, c’est un refuge.
Février 1985 – Chanson Magazine n°14