L’homme politique, le roll-mops et la cuve à mazout

L’HOMME POLITIQUE, LE ROLL-MOPS ET LA CUVE A MAZOUT

(Paroles et Musique : H.-F. Thiéfaine)

Tu redescends chez ton opium
Y retrouver tes soeurs perdues
Tes chimpanzés qui nous déloquent
Dans tes pissotières du salut
Chez les vieilles qui trafiquent le spleen
T’as bouffé tes nerfs et tes nuits
Et maintenant tu cherches une combine
Pour domestiquer nos envies

Oh papa ! T’as encore frisé l’overdose
Tellement le pouvoir ça te shoote
T’es aussi coincé qu’un roll-mops
Tombé dans une cuve à mazout

Tes militants parcourent les foires
Tournant leur orgue à rédemption
Mais coincés dans cette vieille histoire
A quoi nous servent tant d’illusions
Moïse qui a perdu la foi
Joue le veau d’or au strip-poker
Et Jésus descend de sa croix
En faisant claquer sa portière

Oh papa ! Tes militants réclament leur dose
T’as qu’à leur montrer tes biroutes
T’es aussi coincé qu’un roll-mops
Tombé dans une cuve à mazout

Tu redescends la même rue
La même histoire, le même jeu
Les maîtres des voies sans issue
T’ont offert un combat foireux
A quoi bon contrôler le vent
Quand il souffle sur les musées ?
T’es comme une godasse d’émigrant
Au milieu d’un bouquet fané

Oh papa ! Tu tournes en rond dans ta psychose
T’es qu’un dealer de black-out
T’es aussi coincé qu’un roll-mops
Tombé dans une cuve à mazout

Te voilà chez les suburbains
Bouffon d’une reine sanguinaire
Avec le masque de Caïn
Et les doigts sur un revolver
Et tu remets ta panoplie
D’équarrisseur intérimaire
T’immoles pour nous Iphigénie
Aux rayons des soupes populaires

Oh papa ! Y a du sang chez les Meinhof
Mais ton pouvoir laisse aucun doute
T’es aussi coincé qu’un roll-mops
Tombé dans une cuve à mazout
Oh papa ! Y a du sang chez les Meinhof
Mais fais gaffe à la dernière goutte
T’es aussi coincé qu’un roll-mops
Tombé dans une cuve à mazout
Oh papa ! Y a du sang chez les Meinhof
Mais fais gaffe à la dernière goutte
On est des milliers dans nos box
A te préparer la déroute
Oh papa…


Dans les années 70, j’ai écrit une chanson où j’appelais l’homme politique « Papa ». J’avais l’image de De Gaulle comme Papa de la France. Je pourrais encore la chanter tant elle reste d’actualité. Mais aujourd’hui, ce serait trop beau d’appeler un politique Papa, je ne pourrais même pas l’appeler mon pote.
Juin 1995 – Guitare Planète n°5