Joli mai mois de Marie

JOLI MAI MOIS DE MARIE

(Paroles et musique : H.-F. Thiéfaine)

Mai joli mai mois de Marie
Fais ce qu’il te plaît de tes envies
Mai joli mai mois de Marie
Sodomie-trash & fantaisies

Les ptérodactyles virent en vrilles
Au-dessus des banana-shows
& les beurdigailles font des trilles
Avec les gomina-yoyos
Les tapons ricanent dans les bois (1)
& klaxonnent Bambi l’orphelin
Tandis qu’un stégobulle flamboie
Dans l’air transparent du matin

Mai joli mai mois de Marie
Fais ce qu’il te plaît de tes envies
Mai joli mai mois de Marie
Sodomie-trash & fantaisies

Les grapheurs fous sixtinent la ZUP
& lorgnent les jambes incendiaires
Qui montent longuement sous les jupes
Jusqu’au noyau de l’univers
Le soleil déshabille les filles
Qui traînent le poids de leur soustingue
Dans l’excitation des pupilles
Des keumès au regard salingue

Mai joli mai mois de Marie
Fais ce qu’il te plaît de tes envies
Mai joli mai mois de Marie
Sodomie-trash & fantaisies

Mais c’est toujours au mois de mai
Qu’on a envie de se pendre
Mais c’est toujours au mois de mai
Qu’on a du mal à comprendre
Pourquoi faut quitter son igloo
Ses longues nuits de loup-garou
Pour venir se cramer le chou
Devant des conneries de barbecues
Avec les autres jaloux qui jouent
Du biniou & de la boîte à clous
A moitié fous dans leurs cailloux
A genoux ! poux !

Mai joli mai mois de Marie
Fais ce qu’il te plaît de tes envies
Mai joli mai mois de Marie
Sodomie-trash & fantaisies

Les sativas au crépuscule
Les gommiers bleus les maris roses
Les jeunes taureaux qu’on émascule
Dans la tulle des brumes en osmose
Les molards sous les papillons
L’hémoglobine sur mes stigmates
Ma treille bouffée par les morpions
& ce putain de soleil qui me délatte

Mai joli mai mois de Marie
Fais ce qu’il te plaît de tes envies
Mai joli mai mois de Marie
Sodomie-trash & fantaisies

(1) Héron héron petit pas tapon


Extrait du CD-ROM Défloration 13
au début du mois de mai 2000, nous avons eu dans le jura quelques magnifiques journées ensoleillées
…/…
je me souvins d’une des questions souvent posées par les journalistes ou autres personnes intéressées par mes chansons, sur le fait qu’un passionné par la nature comme moi ne dépeignait que des tableaux urbains et industriels…
par un de ces jolis matins du mois de mai, j’ai voulu tenter ma chance et essayer de fabriquer ma première chanson verte…
…/…
…lorsqu’un peu plus tard, je posai ma guitare pour relire mon brouillon, je devins rouge avec la tehon …
moralité : ne me demandez plus jamais pourquoi je n’écris pas de chansons sur les vertes prairies, ni sur les forêts profondes, ni sur les montagnes enneigées de mon jura natal…


Ton écriture s’est faite de plus en plus ésotérique au fil des ans : une nécessité pour échapper à la répétition ?
J’ai l’impression au contraire de pratiquer de plus en plus la ligne claire, comme on dit en BD. (…)
Quand j’invente des mots, c’est parce que les mots du réel m’ennuient. Quand j’ai chanté Joli mai mois de Marie, j’avais des noms d’oiseaux, mais ça ne résonnaient pas rock’n’roll, c’était pas du Thiéfaine. Il a fallu que j’invente les « beurdigailles », les « banana-shows », les « gomina-yoyos »… pour que ça tourne vraiment. Mais ça prend du temps d’inventer des mots, il faut que ça sonne bien.
Journal l’Alsace / le Pays – 21 mai 2001


La campagne, j’avais essayé de la chanter dans «Joli mai mois de Marie» sur Défloration 13. Les journalistes me demandaient : «Pourquoi tes chansons sont si urbaines, toi qui aimes tant la nature ?»
Et vous avez répondu ? 
Pour cette chanson-là, je me souviens de la forêt, avec des feuilles toutes belles, des oiseaux, un mois de mai sous le soleil, dans le Jura, que des bruits de nature. Je prenais mon café. J’ai donc essayé d’écrire sur les oiseaux. Et je me suis dit : on ne peut pas être aussi con pour écrire ça. J’ai tout fait pour avancer sur cette p… de chanson, sur la campagne, j’étais coincé, je me suis mis en colère, j’ai barré tous les noms d’oiseaux et les ai remplacés par des conneries…
C’est définitif, je n’arrive pas à la chanter. Je n’ai pas grand chose à dire de la campagne, sinon d’en jouir quand j’y suis, écouter ses êtres et contempler.
estrepublicain.fr – 04/03/2011