Combien de jours encore

COMBIEN DE JOURS ENCORE

(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : Arman Méliès)

Combien de jours encore à regarder le ciel
À fixer les écrans foudroyants de nos rêves
À sentir le satin caresser mes voyelles
Auprès de muses en rade sur des refrains en grève
Combien de jours encore à contempler l’automne
À surveiller l’orage dans le cri des guetteurs
À pleurer dans les bras de ceux qui abandonnent
Qui s’envolent à jamais vers un nouvel ailleurs

Combien de jours encore à regarder l’horloge
Encore
À regarder passer l’infini dans ma loge
Encore
Combien de jours encore
Combien de jours…

Combien de jours encore à subir les quidams
Qui grimpent sur les tables en scalpant les étoiles
À vibrer en solo sous les pétales en flammes
Des crépuscules marins déchirés sous nos voiles
Combien de jours encore à narguer l’horizon
À taguer nos passés d’atomes en transhumance
À fabriquer des flingues dans du mauvais savon
Pour s’enfuir des miroirs cafardeux de l’enfance

Combien de jours encore à regarder l’horloge
Encore
À regarder passer l’infini dans ma loge
Encore
Combien de jours encore
Combien de jours…

Combien de jours encore au milieu des tempêtes
Devrons-nous piétiner au fond des corridors
Avec nos voix blasées et nos cœurs qui s’entêtent
Et cette odeur de fièvre aux abords de nos corps
Combien de jours encore et combien de tunnels
Avant de chevaucher les années sans lumière
Avant d’effeuiller l’ombre et le vide éternel
Délivrés à jamais du poids de l’univers

Combien de jours encore à regarder l’horloge
Encore
À regarder passer l’infini dans ma loge
Encore
Combien de jours encore à regarder l’horloge
Encore
À regarder passer l’infini dans ma loge
Encore
Combien de jours encore
Combien de jours…


« Combien de jours à regarder l’horloge / À regarder passer l’infini dans ma loge / Combien de jours encore… » Une variante de la chanson de Reggiani, Le temps qui reste ?
J’ai découvert récemment cette chanson dans le générique de fin du film de Dupontel, Deux jours à tuer. Si je l’avais entendue avant, me connaissant, je ne l’aurais certainement pas écrite. Après, on peut être quinze mille auteurs-compositeurs à explorer cette thématique. Je parle de loge dedans, et c’est d’ailleurs là qu’elle est née. C’est une question que je me suis souvent posée. À chaque printemps, quand je vois les premières violettes, je me dis : «  Combien d’années encore vas-tu les voir ?  » J’imagine ma mort, mais je préfère penser que ce ne sera pas demain non plus. Encore qu’il y a certains jours où, comme dans la chanson de Ferré (Ne chantez pas la mort, sur un texte de Jean-Roger Caussimon, ndlr), on appelle la mort.
01/10/2021 – FrancoFans


Un texte sans musique peut-il avoir pour vous le même impact émotionnel qu’une chanson ? La musique est-elle la béquille du texte ?
Sans aucun doute. Seulement, en ce qui me concerne je me définis avant tout comme un chanteur, et non comme un poète. J’aime écrire, cela va de soi, mais ce que j’aime par-dessus tout c’est faire chanter les mots. Je suis quelqu’un de l’oralité, j’aime ressentir les mots dans ma bouche et en caresser les voyelles, comme je l’écris d’ailleurs dans la chanson Combien de jours encore.
08/10/2021 – Diacritik.fr


La fin du roman, Page noire, Combien de jours encore… Beaucoup de chansons sont très pessimistes. Si les poètes sont prophètes, vos textes donnent l’impression qu’on arrive à la fin de l’histoire…
Je ne sais pas si les poètes sont prophètes, ils écrivent surtout des choses pour éviter qu’elles arrivent.
15/10/2021 – RFI Musique