DU SOLEIL DANS MA RUE
(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : JP Nataf)
Y’a du soleil dans ma rue
Mais je ne sais pas quoi en faire
Dans les jardins de la vertu
Minerve s’habille en guerrière
Mais moi qu’ai rien d’un Mantegna
D’un Bellini, d’un Delacroix
Je la peins sous les traits d’un rat
Dans la poussière les bras en croix
Dans la poussière les bras en croix
Y’a du soleil dans ma rue
Mais je ne sais pas quoi en faire
Je me sens comme un ange déchu
Qui se serait trompé d’atmosphère
La première meuf que j’ai connue
M’a expulsé à 4 du mat’
Dans une maternité perdue
Qui fabriquait des automates
Qui fabriquait des automates
Y’a du soleil dans ma rue
Mais je ne sais pas quoi en faire
J’évolue et je vole à vue
Loin des circuits réglementaires
Avec mes pensées qui s’encrassent
Dans le froid de mes nuits d’exil
J’arrive plus à faire cette grimace
Qui sert de rire aux imbéciles
Aux imbéciles
Y’a du soleil dans ma rue
Y’a du soleil dans ma rue
Mais je ne sais pas quoi en faire
La fille du soldat inconnu
Me dit : « Putain, beau militaire ! »
Avec l’arsenal souterrain
Planqué à l’abri de tes lois
Chacun des sept milliards d’humains
Peut être tué quarante-mille fois
Tué quarante-mille fois
Y’a du soleil dans ma rue
Mais je ne sais pas quoi en faire
Le soleil c’est vice et vertu
Mais la vie me visse à l’envers
Laisse-moi te prendre par la taille
Et me noyer dans tes cheveux
Sur le Capriccio de Kodály
Faisant semblant
Faisant semblant d’être amoureux
« La connaissance du cosmos est beaucoup plus qu’un luxe pour homme cultivé. Elle est le fondement d’une conscience cosmique. Elle éclaire la lourde responsabilité qui nous échoit… La menace la plus grave provient évidemment de l’armement nucléaire. Les arsenaux des superpuissances sont aujourd’hui en mesure de nous tuer tous individuellement plus de quarante mille fois. Cela porte le nom sympathique d’overkill power. »
Hubert Reeves – Patience dans l’azur : l’évolution cosmique (éditions du Seuil, 1981)
Sur le titre Du Soleil dans ma rue, vous citez une chanson de Johnny Hallyday, Les Bras en croix. C’est un hommage ?
Je cite aussi Hubert Reeves ! Mais ce bout de phrase m’est venu spontanément, c’est hors de mon contrôle. Les Bras en croix, c’est mon premier 45-tours. Je l’ai eu à Noël. J’étais fan de Johnny quand j’avais 12 ans. Avec mon premier groupe, on jouait son tube Kili Watch. Je l’ai perdu de vue ensuite pour écouter ce qui se passait du côté de Londres ou New York.
Il y a beaucoup de contrastes dans vos textes…
Je suis fou des oxymores, je travaille beaucoup avec ça. Ma chanson Du Soleil dans ma rue a le titre d’un tube de l’été, mais en vérité, elle est dramatique.
03/10/2021 – lamontagne.fr
« Je n’arrive plus à faire cette grimace qui sert de rire aux imbéciles », admettez-vous dans Du soleil dans ma rue …
Je suis un peu sévère… Mais oui, j’ai du mal à rire. Quand je me vois rire, je trouve ça presque impoli. C’est comme si je rotais. [Il rit.] Il y a quelque chose d’un peu bête, qui me rappelle aussi le rire du pochetron. Et celui-là, j’essaie de le gommer.
07/10/2021 – Paris Match
Vous chantez « Il y a du soleil dans ma rue mais je ne sais pas quoi en faire ». Avez-vous des difficultés à vous emparer du bonheur ?
Cela ressemble à du gadget, le bonheur. J’ai été élevé dans la religion catholique où le bonheur c’est Dieu. Alors forcément, le jour où je me suis débarrassé de Dieu, je me suis débarrassé de ce qui allait avec, les anges et tout ça. Je préfère des valeurs comme la liberté. Mais je n’ai pas de leçon à donner à ce sujet, je connais des gens heureux, ils sont bien aussi, je vous assure (il rit de bon cœur).
15/10/2021 – RFI Musique