Télégramme 2003

TÉLÉGRAMME 2003

(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : Elista)

J’ai très souvent pensé à toi
Depuis ce matin de juillet

Où je t’ai vu traîner ta croix
Pendant que les idiots causaient
Le chagrin joue avec les lois
& les lois jouent avec nos plaies
Les salauds sont pas ceux qu’on croit
Quand tout bascule à l’imparfait

Ronge tes barreaux avec les dents
Le soleil est là qui t’attend
Ronge tes barreaux avec les dents
Tes amis deviennent impatients

J’imagine ton coeur & ton corps
Piétinés au fil des journées
& je te vois dans un remords
Imprimé pour l’éternité
Je rêve pour toi de réconfort
De joie et de paix retrouvées
Si tu pouvais sourire encore
Quand tes larmes seront séchées

Ronge tes barreaux avec les dents
Le soleil est là qui t’attend
Ronge tes barreaux avec les dents
Tes amis deviennent impatients

Tu as perdu ton bel amour
Tu as perdu tes rêves d’enfant
& tu passes à travers le jour
Pâle, éphémère & transparent
On aimerait te voir de retour
Dans l’univers des survivants
Villon prisonnier de la tour
Qui s’ra ton charles d’orléans

Ronge tes barreaux avec les dents
Le soleil est là qui t’attend
Ronge tes barreaux avec les dents
Tes amis deviennent impatients

 


Dans Télégramme 2003, vous vous adressez à Bertrand Cantat sans jamais le nommer?
C’est une chanson délicate. Emotionnellement, j’avais presque envie de hurler à l’époque des faits parce que j’entendais trop de conneries. Le premier jet était comme une lettre qu’on envoie à quelqu’un pour lui dire: «Te sens pas si seul, ce que tu as fait reste quelque chose d’humainement abordable et qui aurait pu m’arriver à moi, parce que je connais ces moments de la nuit où on perd le contrôle de tout.» Je ne connais pas personnellement ­Cantat et je ne le nomme pas parce que je voulais un texte universel où peut-être 120 prisonniers puissent se reconnaître.
Tribune de Genève – 18 Octobre 2005


J’ai réagi au fait divers. Je me suis mis à la place de Bertrand que je ne connais pas personnellement non pas en tant que chanteur ou auteur mais parce que je comprenais l’état psychologique dans lequel il se trouvait. A quoi ça servait que des cons de tous bords l’enfoncent un peu plus. Ma réaction fut spontanée, émotionnelle.
Sud-Ouest – 26 Octobre 2005