LORELEI SEBASTO CHA
(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : Claude Mairet)
Mon blues a déjanté sur ton corps animal
Dans cette chambre où les nuits durent pas plus d’un quart d’heure
Juste après le péage assurer l’extra-balle
Et remettre à zéro l’aiguille sur le compteur
Ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
Dans cet hôtel paumé aux murs glacés d’ennui
Et pendant que le lit croise l’aéropostale
Tu me dis reprends ton fric aujourd’hui c’est gratuit
Lorelei Lorelei
Ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
Lorelei Lorelei
Et j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Tu m’arraches mon armure dans un geste un peu lourd
En me disant reviens maintenant je te connais
Tu m’rappelles mes amants rue Barrée à Hambourg
Quand j’étais l’orpheline aux yeux de feu follet
Tu m’rappelles mes amants perdus dans la tempête
Avec le coeur naufrage au bout des bars de nuit
Et tu me dis reviens je suis ton jour de fête
Reviens jouir mon amour dans ma bouche agonie
Lorelei Lorelei
Ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
Lorelei Lorelei
Et j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
Le blues a dégrafé nos coeurs de cannibales
Dans ce drame un peu triste où meurent tous les Shakespeare
Le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
Le rouge de nos désirs sur l’envers de nos cuirs
Et je te dis reviens maintenant c’est mon tour
De t’offrir le voyage pour les Galapagos
Et je te dis reviens on s’en va mon amour
Recoller du soleil sur nos ailes d’albatros
Lorelei Lorelei
Ne me lâche pas j’ai mon train qui déraille
Lorelei Lorelei
Et j’suis comme un cobaye qu’a sniffé toute sa paille
De « Eros über Alles » à « Météo für Nada », en passant par « Was ist das Rock’n’roll » ou encore « Also sprach Winnie l’ourson », tu sembles fasciné par les sonorités de la langue allemande…
A l’école j’ai fait du grec classique et de l’allemand, pendant huit ou neuf ans, mais le coefficient était tellement faible que j’y ai consacré peu de temps. Je parle allemand avec beaucoup de difficultés, d’autant qu’après j’ai dû apprendre l’anglais et l’espagnol, qu’on ne m’avait pas appris, pour pouvoir voyager librement. J’ai donc plus une culture allemande qu’une maîtrise de la langue. J’ai connu des gens comme Heine, Schiller, Goethe, les grands romantiques allemands. J’étais intéressé par le Sturm und Drang, pas seulement par la beat generation et les surréalistes. Dans le romantisme allemand, il y a cette âme, c’est pour ça que je retombe dans les Lorelei…
Et à cause des guerres, la langue allemande a été caricaturée, on pense tout de suite aux nazis… J’ai envie de rendre aux Allemands ce qui est leur âme, cet aspect romantique qui m’inspire.
Journal l’Alsace / le Pays – 21 mai 2001
Après plus de 30 ans, interpréter des chansons comme La Fille du coupeur de joints ou Lorelei Sebasto Cha… Cela fait-il toujours le même effet ?
On les a beaucoup faite évoluer au cours des années, des décades. Là on revient un peu au vintage, ça devient autrement intéressant. Mais à chaque fois on essaie de les reprendre d’une nouvelle façon. Moi j’ai toujours du plaisir, parce que je sais au moins que je les connais bien celles-là ! C’est ma récréation au milieu du show…
Sortie de Secours – 22/11/2011
Lorelei, le tube attendu
Le titre complet, Lorelei Sébasto Cha fait référence au boulevard Sébastopol, à Paris, où je passais souvent bien qu’étant alors très Rive Gauche. Avant même la sortie de l’album (Soleil cherche futur, 1982), tout le monde sentait que cette chanson allait devenir un tube. J’aimais cette idée : je peaufine mes chansons pour qu’elles plaisent ! Au même moment j’étais en tournée dans des salles de 5 000 places. L’explosion était prévisible : j’avais commencé à chanter devant 15 personnes et, peu à peu, le public avait grossi.
La Dépêche – 28/09/2018