Karaganda (Camp 99)

KARAGANDA (CAMP 99)

(Paroles et musique : H.-F. Thiéfaine)

Des visages incolores, des voyageurs abstraits
Des passagers perdus, des émigrants inquiets
Qui marchent lentement à travers nos regrets
Nos futurs enchaînés, nos rêves insatisfaits
Fantômes aux danses astrales, aux rhapsodiques pleurs
Visages camés bleuis graffités par la peur
Qui marchent lentement vers l’incinérateur
Vers la métallurgie des génies prédateurs

C’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
C’est la voix de Staline, c’est le rire de Béria
C’est la rime racoleuse d’Aragon et d’Elsa
C’est le cri des enfants morts à Karaganda

Brumes noires sur l’occident, murmures de rêves confus
Barbares ivres de sang, vampires au coeur fondu
Qui marchent lentement au bord des avenues,
Des mondes agonisants, des déserts corrompus
Ça sent la chair fétide, le rat décérébré
Le module androïde, le paradoxe usé
Le spectre de mutant au cerveau trafiqué
Qui marche en militant sur nos crânes irradiés

C’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
C’est la voix de Staline, c’est le rire de Béria
C’est la rime racoleuse d’Aragon et d’Elsa
C’est le cri des enfants morts à Karaganda

Des visages incolores, des voyageurs abstraits
Des passagers perdus, des émigrants inquiets
Qui marchent lentement à travers nos regrets
Nos futurs enchaînés, nos rêves insatisfaits
Peuples gores et peineux, aux pensées anomiques
Nations mornes et fangeuses, esclaves anachroniques
Qui marchent lentement sous l’insulte et la trique
Des tribuns revenus de la nuit soviétique

C’est l’histoire assassine qui rougit sous nos pas
C’est la voix de Staline, c’est le rire de Béria
C’est la rime racoleuse d’Aragon et d’Elsa
C’est le cri des enfants morts à Karaganda


« Tout anti-communiste est un chien ! »
Jean-Paul Sartre, Les Temps Modernes


Karanganda relate un fait historico-tragique, mais c’est aussi un brûlot contre tous les fascismes. Est-ce quelque chose qui te terrorise encore aujourd’hui ?
J’ai lu un bouquin récemment. C’est la fin du monde. C’est vraiment la fin de la fin. Ça se passe dans quelques siècles, la terre est complètement détruite par les centrales nucléaires qui ont explosé. On ne sait pas trop ce qui s’est passé mais ça a sauté de partout. Ils sont tous en train de crever. Dans ce bouquin, ils parlent de la deuxième génération du soviétisme mais sur la planète entière, et qui serait la cause de la fin du monde. Ça parle de kolkhozes, le monde se termine dans un kolkhoze. Bon, mais à la longue c’est un peu tannant, 500 pages de fin du monde ça fait mal quand même…
Novembre 2016 – nosenchanteurs.eu