Résilience zéro

RÉSILIENCE ZÉRO

(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : Arman Méliès)

Ma mémoire joue sur les reflets
Des étoiles mortes au firmament
Des regards aveugles et muets
Dans l’immobilité du temps
L’aubépine se prend pour la rose
Et l’idiot devient président
Les naïades se métamorphosent
Mais le passé reste au présent

On n’oublie jamais nos secrets d’enfant
On n’oublie jamais nos violents tourments
L’instituteur qui nous coursait
Sa blouse tachée de sang
On n’oublie jamais nos secrets d’enfant

Les lueurs des rêves enfantins
Dans leur transparence édulcorent
Les derniers soleils du matin
Sur les frissons bleus de nos corps
C’est le lent crépuscule d’automne
Sous la pluie des mortes saisons
C’est la cloche des lundis qui sonne
Les heures de la désolation

On n’oublie jamais nos secrets d’enfant
On n’oublie jamais nos violents tourments
L’instituteur qui nous coursait
Sa blouse tachée de sang
On n’oublie jamais nos secrets d’enfant

Au commencement était le verbe
Intransitif et déroutant
Venu des profondeurs acerbes
Et noires des garderies d’enfants
Les rugissements de l’univers
Dans les cours de récréation
Écorchaient les pieds de mes vers
Boiteux sous les humiliations

On n’oublie jamais les secrets
On n’oublie jamais les tourments
L’instituteur qui nous coursait
Sa blouse tachée de sang
On n’oublie jamais les secrets
On n’oublie jamais les tourments
L’instituteur qui nous coursait
Sa blouse tachée de sang

 


« J’ai été l’enfant qui tombe, et qui se fait très mal, et qu’on relève avec une gifle »
Léon-Paul Fargue


Etes-vous nostalgique ?
Avec mes productions récentes, comme «Résilience zéro» ou «La ruelle des morts», j’ai pu donner l’impression de l’être. La nostalgie appartient aux gens qui se retournent sur leur passé. De mon côté, j’ai toujours été vers le futur. Mais celui-ci tend à se raccourcir… Je suis surtout mélancolique et rêveur.
CNews – 27/09/2018


« On n’oublie jamais ses secrets d’enfant », chantez-vous…
La chanson s’intitule « Résilience zéro » parce que je n’ai jamais pu guérir de l’enfant que j’étais. L’homme que je suis aujourd’hui souffre encore de traumatismes provoqués par de mauvais éducateurs dans mon enfance. Ça m’a tellement détruit…
Mes chansons sont très rarement autobiographiques. Mais si j’arrive à mettre le doigt là où ça fait mal pour faire avancer un peu les choses, ou avoir, pour moi-même, des vertus cathartiques, alors je profiterai de l’expérience. En me livrant ainsi dans cette chanson, je donne des clefs pour qu’on comprenne qui je suis. Personne ne peut faire exprès de souffrir. Et d’avoir une vision grise du monde. Je suis comme tout le monde : je préfère les arcs-en-ciel.
Sud-Ouest Dimanche – 30/11/2014