COMPARTIMENT C VOITURE 293 EDWARD HOPPER 1938
(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : Roberto Briot)
Tu sembles si loin
Si proche à la fois
Dans l’ordre incertain
D’un silence bourgeois
Voyageuse solitaire
Entourée de mystère
Les pages que tu lis
Nous cachent ton regard
Te cachent-elles aussi
Qu’une guerre se prépare
Voyageuse solitaire
Entourée de mystère
Est-ce que tu fuis dans ce train
Quelque amant
Qui chercherait à briser ton silence
Est-ce que tu fuis dans ce train
Quelque enfant
Qui volerait ton indépendance
Ton compartiment
Reflète sans passion
Ton comportement
De femme de salon
Voyageuse solitaire
Entourée de mystère
Le soleil couchant
Joue avec l’horizon
Et tes sentiments
Se cherchent une raison
Voyageuse solitaire
Entourée de mystère
Est-ce que tu fuis dans ce train
Quelque amant
Qui chercherait à briser ton silence
Est-ce que tu fuis dans ce train
Des serments
Prononcés lors d’une dernière danse
Est-ce que tu fuis dans ce train
Quelque amant
Qui chercherait à briser ton silence
Est-ce que tu fuis dans ce train
Quelque enfant
Qui volerait ton indépendance
Vous considérez-vous encore comme un chanteur, un raconteur ?
Je suis un cinéaste, un peintre. Je mets beaucoup de décors dans mes chansons. C’est le détail qui fait la différence, comme au cinéma. Comme chez un Bergman, où sa grande poésie se dissimule entre ombres et lumières, en clair-obscur. Je suis perfectionniste, et ça vient avec le plaisir d’écrire…/…
Pour le tableau «Compartiment C voiture 293 Edward Hopper 1938», j’ai eu un doute sur le numéro de la voiture, j’ai appelé le musée à Baltimore. Si j’avais suivi une pente normale, j’aurais fait des études d’histoire, pas de psychologie.
est républicain.fr – 04/03/2011
Quand avez-vous vu ce tableau la première fois ?
J’ai découvert le tableau Compartiment C, voiture 293 dans un bouquin sur Edward Hopper qui traînait chez moi. J’avais très envie d’écrire sur le peintre depuis longtemps, il a beaucoup de choses à dire. J’avais pensé à la toile Automat mais j’ai finalement choisi Compartiment C pour le thème du train, qui est très symbolique dans les chansons américaines et pour le paysage qu’on aperçoit à travers la vitre. Dans les scènes d’Hopper, il y a toujours un petit rappel de la nature.
Qu’est-ce qui vous touche chez Hopper ?
Dans les toiles d’Hopper, je retrouve l’univers de certains romanciers descriptifs de l’entre-deux-guerres comme William Faulkner, ou encore John Updike. Je retrouve en Hopper la nostalgie d’un pays inconnu… découvert à travers des romanciers ! Chez Hopper, on retrouve beaucoup de mélancolie que je partage. Ses paysages sont plein de soleil, mais d’un soleil triste, mélancolique comme je l’aime. Et puis, il y a cette solitude. La toile People in the sun : ce sont cinq personnages qui prennent le soleil. Ils sont seuls… ensemble. C’est la même chose pour les tableaux qui représentent des couples, où chacun est seul de son côté, comme le tableau Room in New-York.
Pour Compartiment C, la femme est très seule aussi. Même les maisons d’Hopper synthétisent la solitude : elles sont souvent différentes mais toutes sont isolées, sans détail ni nature autour, rien qui traîne. Et c’est tout ce qui en fait la beauté. C’est une solitude que j’aime partager avec lui. Son univers contient beaucoup de silence. Et cette addition, au bout, procure une immense liberté. En regardant ses toiles, de profonds soupirs de soulagement nous viennent.
Vous viendrez visiter l’exposition au Grand Palais ? Oh oui, je viendrai. Je suis un amateur d’art frustré ; je n’ai jamais vu d’œuvres originales d’Hopper. Ce sera l’occasion. Les paysages et personnages des toiles de Hopper nous interrogent tant ; ils sont si mystérieux et donnent envie d’en savoir davantage…
legrandpalais.fr -24/10/2012
