PETIT MATIN 4.10 HEURE D’ÉTÉ
(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : H.-F. Thiéfaine)
Le temps passe si lentement
Et je me sens si fatigué
Le silence des morts est violent
Quand il m’arrache à mes pensées
Je rêve de ces ténèbres froides
Electriques et majestueuses
Où les dandy se tiennent roides
Loin de leurs pulsions périlleuses
Je rêve tellement d’avoir été
Que je vais finir par tomber
Dans cette foire aux âmes brisées
Où le vieux drame humain se joue
La folie m’a toujours sauvé
Et m’a empêché d’être fou
Je me regarde au fond des yeux
Dans le miroir des souvenirs
Si partir c’est mourir un peu
J’ai passé ma vie à… partir
Je rêve tellement d’avoir été
Que je vais finir par tomber
Mes yeux gris reflètent un hiver
Qui paralyse les coeurs meurtris
Mon regard vient de l’ère glaciaire
Mon esprit est une fleur flétrie
Je n’ai plus rien à exposer
Dans la galerie des sentiments
Je laisse ma place aux nouveaux-nés
Sur le marché des morts-vivants
Je rêve tellement d’avoir été
Que je vais finir par tomber
Je fixe un océan pervers
Peuplé de pieuvres et de murènes
Tandis que mon vaisseau se perd
Dans les brouillards d’un happy end
Inutile de graver mon nom
Sur la liste des disparus
J’ai broyé mon propre horizon
Et retourne à mon inconnu
Je rêve tellement d’avoir été
Que je vais finir par tomber
Déjà je m’avance en bavant
Dans les vapeurs d’un vague espoir
L’heure avant l’aube du jour suivant
Est toujours si cruellement noire
Dans le jardin d’Éden désert
Les étoiles n’ont plus de discours
Et j’hésite entre un révolver
Un speedball ou un whisky sour
Je rêve tellement d’avoir été
Que je vais finir par tomber
extrait de l’album inédit : Itinéraire d’un Naufragé – 28/08/2008
« Vivre signifie seulement repousser son suicide de jour en jour »
Stig Dagerman, L’enfant brûle
C’est une chanson documentaire qui traite de tout ce qui se passe dans la tête d’un suicidaire au moment où il va passer à l’exécution de sa décision. Je m’y fais simple reporter de ma douleur. Je comprends qu’on puisse y attacher davantage d’importance : le suicide en soi, hormis chez quelques punks, a rarement été abordé et développé en chanson.
Le Temps.ch – 26/03/2011