TROIS POÈMES POUR ANNABEL LEE
(Paroles : H.-F. Thiéfaine – Musique : Arman Méliès)
La lune s’attarde au-dessus des collines
Et je sens les lueurs des étoiles sous ta peau
Fleurs de jacaranda et parfum d’aubépine
Dans cet or de la nuit tes cheveux coulent à flots
Les groseilles boréales et les airelles fauves
Au velours de tes lèvres humides et licencieuses
Me laissent dans la bouche un goût de folie mauve
Un arôme estival aux couleurs silencieuses
Annabel Lee
Pas un seul cheveu blanc
N’a poussé sur mes rêves
Annabel Lee
Au roman des amants
Je feuillette tes lèvres
Vapeurs de canneberge oubliées dans la bruine
Et sur les pétroglyphes de tes bleus sanctuaires
L’esprit de la mangrove suit l’ombre de tes djinns
Et dézeste les grumes aux subtils estuaires
Ne laisse pas la peur entrouvrir le passage
Obscur et vénéneux dans l’argent de tes yeux
Mais donne à la lumière tes pensées les plus sages
Pour un instant de calme, de plaisir délicieux
Annabel Lee
Pas un seul cheveu blanc
N’a poussé sur mes rêves
Annabel Lee
Au roman des amants
Je feuillette tes lèvres
Annabel Lee
J’ai dans mes récepteurs
Le parfum de ta voix
Annabel Lee
Je te connais par coeur
Sur le bout de mes doigts
Au loin dans la vallée la brume se mélange
Aux pastels de safran de violette et d’orange
Et j’en vois les reflets dans ton regard voilé
Par des réminiscences d’antiques cruautés
Ne laisse pas les mères de vinaigre envahir
Tes pensées ta mémoire, tes rêves et ton sourire
Chasse au loin ta détresse, laisse entrer le printemps
Le temps de la tendresse et de l’apaisement
Annabel Lee
Pas un seul cheveu blanc
N’a poussé sur mes rêves
Annabel Lee
Au roman des amants
Je feuillette tes lèvres
Annabel Lee
J’ai dans mes récepteurs
Le parfum de ta voix
Annabel Lee
Je te connais par coeur
Sur le bout de mes doigts
« Une atmosphère de beauté et d’élégance m’entourait… »
Léon Tolstoï, Le bonheur conjugal
Considérons ce vers : « Au roman des amants je feuillette tes lèvres ». C’est de la poésie pure. Distinguez-vous le pur poème de la chanson ?
J’avais deux cahiers quand j’étais plus jeune, un cahier pour mes poèmes et un autre pour mes chansons. Ils n’avaient rien à voir l’un avec l’autre ; ils incarnaient deux mondes différents. Un jour j’ai découvert Bob Dylan. Je me suis fait traduire les paroles, mais je saisissais déjà l’atmosphère par rapport au titre. J’ai été ébloui par certains passages , puis il y a eu Léo Ferré et là je me suis dit je n’ai plus besoin de deux cahiers ; un seul suffirait. Ce fut difficile car comme je comprenais mieux Ferré, je me suis mis à faire du sous-Ferré. J’avais 18 ans. La parodie est le début de tout. Il m’a tout de même fallu quelques années pour m’en dégager, pour trouver mon style. Je l’ai découvert le jour où j’ai terminé « L’ascenseur de 22h43 ». Ce jour-là je me suis libéré du père et je savais vers où j’irais désormais.
Janvier 2013 – BSC News