Friedrich HÖLDERLIN (1770-1843)

Friedrich Hölderlin est né le 20 mars 1770 à Lauffen am Neckar en Allemagne. La mort de son père à l’âge de deux ans, celle de son beau-père à l’âge de neuf ans, puis celle de ses demi-frères engendrent chez lui une tristesse précoce et une gravité dont il ne départira plus.

Son adolescence est marquée par son goût et son talent pour la poésie et la musique.

Je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniac
D’un sturm und drang sans fin au bout du never been

À partir de 1788, il étudie la théologie à l’université de Tübingen. Les séminaristes y dévorant Kant et Rousseau, il manifestera une grande admiration pour la Révolution Française, et se ralliera au Sturm und Drang, mouvement littéraire et politique précurseur du romantisme s’opposant au rationalisme dominant.

En 1793 il rencontre l’inspirateur poétique de toute une génération, Friedrich Schiller, qui publie certains de ses poèmes dans sa revue « La Nouvelle Thalia ». C’est également chez ce dernier qu’il rencontrera Goethe.

Sa sensibilité d’écorché vif, son caractère cyclothymique lui jouent des tours. Il oscille souvent entre des emballements auxquels succèdent des déceptions qui le plongent dans une noire mélancolie. Fatigué de ses déboires amoureux avec Suzette Gontart, la femme de son employeur, il quitte Francfort en 1798.

Survient alors une période d’intense créativité poétique inspirée du modèle antique (élégies, hymnes ou odes) qui fait de lui le dernier des grands poètes de l’Antiquité et le premier poète grec de l’Allemagne.

Les joyeux éboueurs des âmes délabrées
Se vautrent dans l’algèbre des mélancolies

Après avoir tenu un bref emploi de précepteur à Bordeaux, les premières atteintes du mal qui le conduira peu à peu à la démence se manifestent. Hölderlin rentre alors en Allemagne en 1802 où il apprend la mort de Suzette qui s’est laissée emporter par la consomption qui la minait. Le philosophe Friedrich von Schelling constatera à son sujet : « Depuis ce voyage fatal son esprit est complètement délabré ».

Le poète, conscient de sa lente dégradation, profite d’une courte rémission pour traduire les tragédies Oedipe roi et Antigone de Sophocle dont s’inspireront les écrivains du XXe siècle. Il meurt le 7 juin 1843 après avoir passé plus de la moitié de son existence dans l’aliénation.

Crachant l’amour-folie de leurs nuits métropoles
Ils croient voir venir Dieu ils relisent Hölderlin