L’Ankou est un personnage clef des légendes bretonnes, vestige d’anciennes croyances païennes adaptées au christianisme. En breton « Anken », signifie chagrin, « Ankoun » oubli.
Et quand le Pinocchio baveux
Poussera ma brouette à l’ankou
Il n’est pas l’incarnation de la Mort, mais son serviteur, une entité psychopompe dont le rôle est de collecter les âmes des défunts. Il se tient debout sur une charrette, traînée par des chevaux attelés en flèche et lestée de pierres appelée « Karriguel ann Ankou », littéralement Brouette de l’Ankou.
L’Ankou est généralement représenté sous la forme d’une silhouette vêtue d’un feutre noir ou d’un linceul dont la tête désarticulée est coiffée d’un chapeau à larges bords. Il agite en avant, pour frapper ses victimes, une faux dont la lame est emmanchée à l’envers et affûtée sur la partie extérieure. Certaines sculptures comme le bénitier de l’église de La Martyre le représentent toutefois sous la forme d’un squelette aux orbites creuses.
Il est escorté de deux compagnons, qui tous deux cheminent à pied. L’un conduit par la bride le cheval de tête. L’autre a pour fonction d’ouvrir les barrières et les portes des maisons, ainsi que d’entasser dans la charrette les morts que l’Ankou a fauchés.
Quiconque entend le grincement des essieux mal graissés du Char de la Mort s’attend donc pour lui-même ou pour quelqu’un de son entourage au pire des présages.
Le dernier mort de l’année, dans chaque paroisse, devient l’Ankou de cette paroisse pour l’année suivante.
L’antre de l’Ankou, Porte de l’Enfer, serait le Yeun Elez dans les Monts d’Arrée, un gigantesque œuf de granit au coeur duquel se trouve le Youdig, une flaque verdâtre dont l’eau se met parfois à bouillir, dont nul n’a jamais pu sonder la profondeur et d’où l’on entend parfois monter les abois furieux de la meute des conjurés, ces chiens noirs que les exorcistes précipitaient dans le Youdig après y avoir emprisonné les démons.