A l’instar des chiens noirs de l’Ankou qui incarnent les damnés des Monts d’Arrée ou du Cadejo Negro d’Amérique Centrale, le chien a depuis la nuit des temps été associé à la mort. Tandis qu’un Kirkegrim gardait les cimetières scandinaves et qu’un Barghest gardait ceux du Yorkshire, certains chiens sont devenus mythiques.
Quand les chiens vitreux de la peur
Flairent l’odeur sucrée de la mort
Dans la mythologie grecque, Cerbère est un chien monstrueux né de Typhon et Échidna, tout comme l’Hydre de Lerne et la Chimère. Doté de trois têtes, d’une queue de dragon et de têtes de serpents sur l’échine, il gardait l’entrée des Enfers en empêchant les vivants ayant traversé le Styx d’y pénétrer et les âmes damnées d’en sortir.
Est-ce que t’as trouvé
La sortie hallucinée
Que tu cherchais ici
Plusieurs héros réussirent pourtant à le braver et à détourner sa vigilance :
- Orphée, décidé à faire sortir sa femme Eurydice des enfers, parvint à le charmer en chantant et en jouant de sa lyre.
- Héraclès (Hercule), pour le dernier de ses douze travaux, obtint l’autorisation d’Hadès (Pluton), dieu des enfers, de le ramener à Mycènes après l’avoir maîtrisé à mains nues.
- Psyché, chargée par Aphrodite (Vénus) de demander à Perséphone (Proserpine) un flacon d’eau de jouvence, l’endormit à l’aide d’un gâteau trempé dans du vin drogué.
- Énée, quant à lui, l’endormit grâce à une sorte de pâte soporifique offerte par Déiphobe, la Sibylle de Cumes.
Dans la mythologie nordique, Garm est un chien monstrueux enchaîné dans la caverne Gnipahellir où se trouve l’entrée du Helheim, le monde des morts. Assimilé au loup Fenrir, il s’agirait en fait de la même entité dont une prophétie racontait qu’il détruirait le monde et les dieux quand viendrait le Ragnarök, le « Crépuscule des Dieux ». Lorsque Garm/Fenrir brisa ses chaînes pour participer au conflit, il engloutit Odin avant de périr à son tour.
N’est-ce pas l’étrange absence
De chien funèbre au box-office
Comme une sentence
Envoyez l’ambulance
Dans la mythologie égyptienne, Anubis, tantôt représenté comme un dieu à tête de chien ou de chacal, tantôt comme un chien noir aux longues oreilles pointues et à la queue tombante, symbolise la renaissance pour les Égyptiens. Après que Seth ait tué Osiris et éparpillé ses restes, Anubis aida Isis et Nephthys à reconstituer son cadavre. Présidant à la première momification, il devint une divinité psychopompe en procédant à la pesée des âmes, rite accompli durant le Jugement des morts.
Oupouaout, dont le nom signifie « Celui qui ouvre les chemins » est le dieu local d’Assiout qui précédait les processions en l’honneur de Pharaon ou d’une divinité. Similaire à Anubis (sous sa forme animale), il est représenté campé sur ses quatre pattes, près à bondir. Il dégageait les routes et chassait les éléments hostiles qui pouvaient s’opposer à la marche du cortège.
Khentamentiou, dont le nom signifie « Celui qui est à la tête des occidentaux », est le gardien de la nécropole royale d’Abydos. Il est représenté sous les traits d’un canidé noir proche du chacal, animal aux mœurs nécrophages vivant en bandes près des cimetières édifiés à la lisière du désert.