Les Mânes sont les âmes des morts pour les Romains. A une période très ancienne de leur histoire, ceux-ci ensevelissaient les défunts de la famille dans le sol même de leur maison : ils croyaient que leurs âmes habitaient ainsi avec eux sous la forme d’esprits familiers, nommés Dii parentes (« Dieux parents ») et Manes (« Mânes »), un nom issu d’un vieil adjectif manus signifiant « bon, gentil ».
Tous les tombeaux se sont ouverts
Pour voir passer le mort vainqueur
Considérés comme de « bons esprits » protecteurs, les Mânes sont honorés régulièrement par chaque père de famille : il leur fait des offrandes sur l’autel de sa maison, comme aux autres divinités traditionnelles du foyer, les Lares et les Pénates. Sur les stèles funéraires, la coutume est d’inscrire les initiales D.M. : Diis Manibus (« pour les dieux Mânes »).
Vieille copie du terrien-terreur
Tirée au ronéochibreur
Les Romains imaginent les Mânes comme un peuple d’ombres menant une copie de leur vie terrestre dans l’immense royaume souterrain des Enfers. Mais, à certains moments de l’année, les Mânes peuvent remonter dans le monde des vivants : deux coutumes importantes montrent que, pour les Romains, le monde des morts et celui des vivants restent ainsi en communication.
Tu croises une ombre solitaire
A genoux devant un tombeau
Trois jours par an (24 août, 5 octobre, 8 novembre), notés MP dans le calendrier, on déclare officiellement : Mundus Patet (« le Monde est ouvert »). L’espace sacré appelé Mundus sur le Forum de Rome est en effet considéré comme une « bouche des Enfers » et, en levant la pierre qui le couvre, on offre symboliquement un libre passage aux Mânes pour profiter de leur influence bénéfique. Pendant les jours prescrits, toute activité doit cesser dans la cité.
Je r’viendrai taxer ta mémoire
Dans la nuit du dernier espoir
D’autre part, la fête des Lemuria (« Lémuries »), les 9, 11 et 13 mai, est destinée à apaiser les Mânes à titre privé ; pour que les esprits des défunts ne viennent pas envahir les maisons en sortant de leurs tombeaux sous la forme de lemures (« lémures » ou « spectres »), chaque père de famille célèbre une cérémonie de purification au milieu de la nuit.
Ivres et gorgées de sang
Les démones antiques
Jouent avec nos enfants
Selon des croyances populaires très anciennes, les Romains imaginent aussi que ceux qui ont été frappés de mort violente ou prématurée deviennent des esprits malfaisants. On désigne du nom de larvae (« larves ») ces revenants condamnés à errer dans le monde des vivants, la nuit, pour les tourmenter ou pour implorer leur pitié. Divers rites d’exorcisme sont destinés à apaiser ces « larves » représentées comme des spectres très pâles ou comme des fantômes grimaçants dont on ne voit plus que les os.
Je boirai dans un crâne
Le sang du déshonneur
En piétinant les mânes
Des marchands de bonheur
Une fois n’est pas coutume, ce billet provient d’une source unique :
Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine