LES VAMPIRES

L’Europe de l’Est a toujours été pressentie comme étant le berceau du vampirisme du fait de l’étymologie du mot, emprunté dans les années 1730 au serbo-croate «vāmpῑr ».

Souvent t’en as croisé au bord de l’hébétude
Qui ne pouvaient dormir sans leur dose de sang

Pourtant, ce sont les îles britanniques qui, dès le XIIème siècle, connurent les premières manifestations de « morts-vivants qui sortent chaque nuit de leur tombe pour aller sucer le sang des vivants » (cf. “De Nugis Curialum”, de Walter Map, 1193 et “Historia Regis Anglicarum” de William de Newburgh, 1196).

J’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
Et je vois les vampires sortir de leurs cercueils

En 1484, le pape Innocent VIII approuva la parution du “Malleus Maleficiarum” ou « Le Marteau des Sorcières » qui conclut à la réalité des morts-vivants. Réédité plus de trente fois entre 1487 et 1669, la psychose collective s’ancra fermement dans les esprits, entretenue par les nombreuses épidémies de peste qui sévirent aux XVIème et XVIIème siècles. Celle de 1710 en Prusse orientale poussa même les autorités à ordonner des enquêtes sur tout les cas de vampirisme signalés et à faire ouvrir toutes les tombes d’un cimetière afin de découvrir les responsables de la calamité.

Wo ist das Blut ?
Ich habe Durst

Les titres de la plupart des traités savants allemands, publiés en 1732, qualifiaient les dépouilles des morts retrouvées gorgées de sang de Blutsauger, littéralement « suceurs de sang ».

Jadis cavalier du néant
Je reviens en vampire tranquille

Par la suite, le positivisme et l’émergence de la société industrielle faisant table rase des anciennes superstitions, la légende du vampire se réfugia dans le domaine de l’imaginaire et devint source d’inspiration littéraire.

En 1797, dans son poème « La Fiancée de Corinthe » Goethe nous offrit, sans le nommer explicitement, le premier texte de fiction traitant du vampirisme. En 1819, John Polidori, le médecin de Lord Byron, publia « The Vampyre » après s’être inspiré d’un brouillon de son illustre patient. Faussement attribué à Lord Byron lui-même, le succès fut tel que le mot vampire se vulgarisa et inspira de nombreux poètes, romantiques et écrivains français du XIXème : Charles Nodier, Théophile Gautier, Guy de Maupassant, Charles Baudelaire.

Le vampire devint au final le personnage de fiction à part entière que tout le monde connaît sous les traits du « Dracula » de Bram Stocker (1897).

Les dieux changent le beurre en vaseline
Et les prophètes jouent Dracula