L’HYDRE DE LERNE

Dans la mythologie grecque, l’Hydre de Lerne est un monstre né de Typhon et Echidna qui fut élevé par la déesse Héra (Junon) près d’Argos.

Pétales rapaces d’une hydre aux yeux de tarentule
Dans le tumultueux chaos des particules

Communément doté de neuf têtes de serpent, ce nombre diffère toutefois selon les sources : sept selon Conrad Gesner et Jan Jonston, neuf selon le pseudo-Apollodore et Hygin, cinquante selon Simonide de Céos ou encore cent selon Ovide et Diodore de Sicile.

Sur moi ton venin est sans prise
Mithridatisé sur tes lèvres

Au XVIIIe siècle, Thomas Corneille et Bernard le Bovier de Fontenelle précisèrent dans le Dictionnaire Universel des Arts et des Sciences :

« Sa morsure est dangereuse et cause des accidents très-fâcheux, enflures, inflammations, douleurs ardentes, meurtrissures, plaies fangeuses, résolutions de membres, vomissements colériques et puants. On en meurt en trois jours, après avoir souffert un mouvement désordonné dans tout le corps. Les remèdes ordinaires sont la Thériaque et le Mithridat. »

J’arracherai mon masque et ma stupide armure
Mes scarifications de guerrier de l’absurde

Pour le deuxième de ses douze Travaux, Héraclès (Hercule) fut chargé par Eurysthée, le roi de l’Argolide, de tuer la créature du marais de Lerne qui, lorsqu’elle s’aventurait dans la plaine, saccageait les récoltes, ravageait le bétail et terrorisait la population.

Revêtu de la peau du lion de Némée, Héraclès attira la bête hors de son repaire en décochant des flèches enflammées sur les roseaux avoisinants. Il s’en empara tout en retenant sa respiration pour se protéger de son odeur pestilentielle et mortelle. Sa massue s’avérant inefficace, il se mit à trancher les têtes à l’aide, selon Euripide, d’une serpe d’or. Comme elles se régénéraient doublement, il fit appel à son neveu Iolaos. Ce dernier enflamma quelques arbres et cautérisa les moignons de cous à l’aide de tisons avant qu’elles ne repoussent. Héraclès trancha enfin la tête centrale, réputée immortelle, et l’enterra encore sifflante sous un lourd rocher.

Il imprégna ses flèches du venin de la bête dépecée et expérimentera leurs effets redoutables contre les centaures lors de sa quatrième mission, puis à ses propres dépens : Héraclès mourut empoisonné après avoir revêtu la tunique que Déjanire lui avait offerte. Croyant obtenir sa fidélité éternelle, elle l’avait en effet préalablement enduite du sang de Nessos contaminé par l’une de ces flèches.

En 1766 dans L’Encyclopédie de Diderot, les auteurs du tome 8 tranchèrent le mythe :

« Cette hydre à plusieurs têtes, suivant nos mythologues, n’était autre chose qu’une multitude de serpents qui infectaient le marais de Lerne proche de Mycène et qui semblaient se multiplier à mesure qu’on les détruisait ».

Serpents visqueux englués dans les squames
De nos bourbeuses mémoires d’humanoïdes insanes