LILITH

Dans la tradition juive, jusqu’à la seconde moitié du XIX e siècle, Lilith était considérée comme la première compagne d’Adam.

Je me souviens d’avoir lu que le démiurge au chômage
Un jour d’ennui avait fabriqué l’homme à son image

Créée au sixième jour de la Création à partir de la même poussière de terre que ce dernier, elle se considérait comme son égale et refusa de se soumettre à la position du « missionnaire » (lui « dessus » et elle « dessous ») malgré son appétit sexuel insatiable.

Lilith ! Lilith !
Tu sais comment, comment ça jouit

Lors d’une dispute avec Adam, elle prononça le Nom ineffable – le tetragrammaton – et obtint miraculeusement des ailes pour s’envoler du Jardin d’Eden. Seul au paradis terrestre, Adam pleura en direction du Tout Puissant, se lamentant du départ de la femme rebelle.

Dieu envoya alors les trois anges de la Médecine à Lilith pour la convaincre de revenir auprès d’Adam. S’y refusant, les anges lui annoncèrent la sentence du Seigneur : elle mettrait au monde de nombreux enfants et cent de ses fils devraient mourir chaque jour.

Désespérée devant l’effroyable cruauté du châtiment, elle décida de mettre un terme à son malheur en se jetant dans la Mer Rouge. Mus par le remords, les trois anges lui accordèrent en compensation de la rigueur du jugement, qu’elle aurait tout pouvoir sur les nouveau-nés, pendant huit jours après leur naissance pour les garçons et pendant vingt jours pour les filles. En outre, elle jouirait d’un pouvoir illimité sur les enfants nés en dehors du mariage. Toutefois, elle devrait s’engager à les laisser en vie à chaque fois qu’elle verrait sur une amulette le nom ou le portrait de l’un de ces anges.

Mercenaires de Lilith contre miliciens d’Eve
Dans la fumée des incendies sanglants

De son côté, Adam implora une autre compagne. Le Dieu Père l’exauça, modelant pour lui Eve, qu’il tira de l’une de ses côtes, symbolisant ainsi la femme dépendante et inférieure à l’homme.

Et m’arrêtant souvent chez les succubes en rut
J’y buvais le venin dans le creux de leur chatte

Sur les bords de la Mer Rouge, Lilith, quant à elle, rencontra Samaël Satan, maître des anges déchus (autre nom de Lucifer que le Talmud désignera du nom d’Adam-Bélial pour souligner le rôle néfaste du couple maudit). De son union avec Samaël, elle deviendra la mère des succubes, Reine des forces du mal, Reine de Saba et immortelle.

Ivres et gorgées de sang
Les démones antiques
Jouent avec nos enfants

Dans le Testament de Salomon, elle erre la nuit et rend visite aux femmes en couches, s’efforçant d’étrangler leur enfant nouveau-né.

Profanatrice de la semence humaine et régisseuse de la fécondité des femmes, Lilith sera au fil des âges associée au serpent du péché originel -tout comme Satan- puis représentée comme l’incarnation de la Lune Noire, le symbole de la luxure avant de devenir l’emblème de mouvements féministes juif-américains.

Lilith n’est expressément désignée qu’une seule fois dans la Bible, dans le Livre d’Isaïe (XXXIV,14), à propos des ruines d’Edom symbolisant le châtiment des nations : « Dans ses forteresses pousseront des ronces, dans ses fortifications, des orties et des chardons. Ce sera le repaire des chacals, un courtil à hiboux. Les lynx y rencontreront les hyènes, les satyres s’y répondront. Et là aussi s’installera Lilith : elle y trouvera le repos ». Elle est en revanche présente dans la majeure partie du corpus de la littérature juive Talmud, Midrashim, Kabbale ou folklore populaire.

Tes amants transitoires
Transis et dérisoires
Se traînent sur tes trottoirs
Reine noire