SENEQUE (4 av.J.-C. – 65 ap.J.-C.)

Sénèque, de son nom latin Lucius Annaeus Seneca, est né à Cordoba en l’an 4 av. J.-C. Arrivé à Rome pour que son frère aîné puisse y suivre le cursus honorum en vigueur sous le Principat, il fréquenta très jeune les salles de déclamation.

Libido moriendi

De 14 à 19, il apprit la rhétorique et s’intéressa à la philosophie pythagoricienne avant de se passionner pour la philosophie stoïcienne. Vers 21, son régime végétarien et son idéal ascétique ayant eu raison de sa santé, il fut envoyé chez son oncle en Égypte où le climat chaud et sec était propice au traitement des maladies pulmonaires.

Et ça sent le sexe transi
Sous le rose de nos ecchymoses

De retour à Rome en 31, Sénèque entama à son tour le cursus honorum et devint questeur à la cour impériale de Caligula. Il accéda au Sénat vers 35. En 41, après l’assassinat de Caligula, il fut accusé d’adultère avec l’une des soeurs de l’empereur défunt. A l’instigation de sa troisième épouse Messaline, il fut relégué en Corse par le nouvel empereur Claude.

Du fond de ton exil tu vois des processions
De chiens à demi fous qu’on relègue à la mort

En exil, Sénèque écrivit plusieurs consolations et sans doute les tragédies qui inspireront Corneille (Médée, Oedipe…) et Racine (Phèdre, les Troyennes…). C’est Agrippine, la quatrième femme de Claude, qui le rappela en 49 pour qu’il devienne précepteur de son fils Néron avec le nouveau préfet du prétoire, Afranius Burrus. Dès lors, le philosophe fut en mesure de se consacrer à l’écriture de ses traités.

Peut-être qu’en smurfant sur ta folie
Tu deviendras l’idole des bas-fonds

En 54, à l’issue d’une énième conspiration contre Claude, Néron succéda prématurément à son père adoptif. Son début de règne, en quelque sorte régenté par Sénèque, fut plutôt bien perçu par les romains. Amassant de façon contradictoire une fortune considérable, il s’en défendra (De la constance du sage).

J’me sens coupable des lambeaux de leur âme déchirée par la honte

En 62, Sénèque se désolidarisa de la folie meurtrière dans laquelle était tombé Néron et se retira de la vie politique. En directeur de conscience, il écrivit ses fameuses Lettres à Lucilius.

Pas facile d’apprendre à mourir

En avril 65, accusé à tort d’avoir trempé dans la conjuration de Pison contre lui, Néron condamna son ancien précepteur et conseiller à mourir. Dans une grande sérénité, Sénèque se fit lire le Phédon dans lequel Platon relate la mort de Socrate. Puis, selon Tacite dans les Annales, il se fit ouvrir les veines mais le sang peina à s’écouler en raison de son âge avancé et ses veines atrophiées. Il se fit donc apporter une potion de ciguë mais le poison détenu de longue date s’avéra inefficace. Enfin, le vieil homme demanda à être placé dans une étuve très chaude depuis laquelle il put décrire son état jusqu’à son dernier soupir.

Moi je disais que je connaissais mon sort
Quand je serai grand moi, je veux être mort